théâtre




LES VEUVES DE MOKALA
Des veuves éplorées mises en Scène par Zigoto Tchaya Tchameni investissent la scène du Goethe-institut Jaunde.

Publié en 2006 chez CLE, Les veuves de Mokala est une pièce de théâtre écrite par le Dr SOH. « Une pièce de théâtre n’est pas faite pour être lue mais pour être dite » dira d’ailleurs l’auteur sur les planches du Goethe-Institut à la fin de la représentation. Ce plaisir lui a été rendu par Zigoto Tchaya Tchameni qui, il y a un an présentait déjà sur cette même scène Meeting Point, un vrai triomphe pour le metteur en scène. 
            Les veuves de Mokala raconte l’histoire de cinq femmes qui viennent de perdre leur mari Mokala de suite de maladie et qui font l’objet de partage par les frères de ce dernier… C’est une pièce fortement remaniée avec des hors textes efficaces qui n’ont pas manqué de surprendre l’auteur lui-même. Une mise en scène « légère » qui malgré la gravité du thème a de bout en bout arraché des rires à gorge déployée au public. Une belle idée pour ramener fédérer le public qui boude les scènes contemporaines parce qu’hermétiques à son  goût. Le décor nous ramène au théâtre dit « classique » ; un décor et une scène bien occupée par les comédiens. On regrettera pourtant que l’éclairage est souvent été plat et loin de nous transmettre un quelconque message. Il se rattrapera plus tard, à la fin de la pièce à la mort de NJU. Tout comme dans le livre, Zigoto a parsemé la pièce de chants. Les belles voix des comédiennes (surtout) nous ont baladés dans l’Ouest Cameroun (région où es déroule l’histoire) et en Afrique du sud via un chant funèbre.
            Les veuves de Mokala vu par Zigoto c’est un discours sur la place de la femme dans la société ; vues comme des objets, elles sont partagées au même titre que le patrimoine matériel du défunt. Situation qui révolte Mamba ; elle refuse de s’y plier et veut choisir l’homme avec qui elle refera sa vie, réclame le droit de retomber amoureuse et exige le partage équitable des biens de son défunt mari. Sacrilège. Sacrilège pour les frères de ce dernier et les autres veuves… Ses frères, tous sauf St Fomo, le prêtre qui refusera de prendre pour épouse une des femmes de son frère. « Le tout n’est pas d’aligner les femmes les unes après les autres, encore faut-il s’en occuper », clame St Fomo. Une opposition tradition-modernisme et tradition-Christianisme qui se mêle au débat du droit d’aînesse et de la problématique du SIDA. Non pas le SIDA tant combattu mais plus encore le SIDA de l’intolérance, de la bêtise… dixit l’auteur.
            Zigoto nous aura avec tant de comédie pourtant dépeint un visage cynique de la vie où l’on meurt comme on naît, où l’on souffre comme on rit et où tout n’est qu’une séquence qui succède à une autre et est elle-même suivie d’une autre. La vie passe et les hommes gémissent pourrait-on dire.
On aura certainement particulièrement apprécié le jeu des comédiens, tous jeunes, étudiants à L’Institut Supérieur de Traduction et Interprétariat (ISTI) et à l’Université de Yaoundé I, section des Arts du Spectacle et cinématographie.
Zigoto, metteur en scène jusqu’au bout jouera le maestro devant des comédiens qui termineront cette belle comédie en chanson, peut-être une victoire de la vie sur la mort alors que tous les frères de Mokala, cocufiés n’ont pu s’occuper dignement des veuves et sont décédés les uns après les autres, enfants et femmes avec. Au fait, de quoi est mort Mokala ?
Le futur de cette pièce reste encore incertain et il sera bien dommage qu’elle ne puisse être vue par plus que la centaine de spectateurs présents au Goethe-Institut. Dommage que le Cameroun n’offre plus de parcours pour des œuvres théâtrales. Heureusement il y a les RETIC dont le directeur Ambroise MBIA, entre autre icône du théâtre camerounais était dans le public et a particulièrement fait l’éloge de cette représentation.

                                                                                  Paul Stevek

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